Middle East

Can the cryptocurrency market be a refuge for Iranians escaping inflation? [FR]

Un tweet de la plateforme d’échange de cryptomonnaies iranienne Exir le 4 septembre a fait sensation dans les milieux crypto internationaux. 

L’annonce du franchissement du milliard de rials iraniens pour un bitcoin sur cet échange coupé du marché international a alimenté de nombreux fantasmes dans un contexte de marché difficile ailleurs dans le monde. Plusieurs médias, parmi lesquels des références du secteur comme CoinDesk, ont assumé que ce prix du bitcoin équivalait à 24,000 USD. Le bitcoin ayant perdu 1,000 USD en quelques heures pour aller se situer autour de 6,400 USD le 6 avril, l’annonce d’Exir fait figure d’affront. 

Dans ce pays qui connait une grave dépréciation de sa monnaie nationale, le rial, suite aux sanctions américaines, le gouvernement et la population semblent chercher une bulle d’air dans les monnaies virtuelles. 

Ce seraient une forte volatilité du cours du rial et l’annonce de la reconnaissance des activités de minage de cryptomonnaies par le Secrétaire du Conseil Suprême du Cyberespace, Abolhassan Firouzabadi, qui auraient donné un coup de fouet au cours local du bitcoin.

Mais le mirage d’un bitcoin à 24,000 USD ne résiste pas à l’analyse des réalités du marché iranien qui présente deux prix différents pour le dollar : le prix officiel, manipulé par le gouvernement pour masquer l’inflation, et le prix sur le marché libre qui est le seul auquel aient accès les Iraniens. 

Exir indique la valeur du bitcoin en Tomans, unité de valeur correspondant à 10 rials iraniens. Selon le prix officiel du dollar, fixé à 4,200 Tomans, les 100 millions de Tomans échangeables contre un bitcoin équivalaient en effet à environ 24,000 USD. Mais au prix qui se pratique réellement dans les boutiques de change, à savoir environ 14.000 Tomans au moment du pic du 6 septembre, le bitcoin revenait alors aux alentours de 6,900 USD, plus ou moins comme partout ailleurs dans le monde. 

Cela étant, les cryptomonnaies demeurent encore extrêmement rares en Iran : le volume quotidien d’échanges sur la plateforme Exir s’est contracté de 9,5 a 2,7 bitcoins entre le pic du 6 septembre et le 13 septembre. D’autres rares échanges sont réalisés sur Localbitcoins, une plateforme de mise en relation entre acheteurs et vendeurs locaux de cryptomonnaies. 

On September 20, 2018, there was only a volume 4.7555 BTC on Exir, due to scarcity of Bitcoin in Iran

Passé l’effet d’annonce, que reste-t-il de la perspective pour les Iraniens de se préserver de la chute du rial? Réponse fin septembre, quand le gouvernement annoncera sa nouvelle politique en la matière. Alors, les volumes devraient prendre leur essor et les cours se stabiliser.

L’achat et la vente de cryptomonnaies ont été interdits par la Banque Centrale Iranienne en avril mais le gouvernement a récemment pris conscience des possibilités offertes par ces monnaies virtuelles en vue de contourner les sanction américaines. Ainsi ces activités devraient-elles bientôt reprendre cours en toute légalité. 

L’Etat pourrait même introduire bientôt une cryptomonnaie nationale, rappelant le Petro vénézuélien, les projets suédois, indien, chinois, turc, estonien ou dubaïote. Celle-ci pourra « être utilisée comme instrument de transaction financière avec les partenaires commerciaux et les pays amis de l’Iran dans un contexte de pressions économiques dues aux sanctions américaines » a ajouté M. Firouzabadi.