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BEYROUTH​: QUE S’EST IL RÉELLEMENT PASSÉ ? … Au delà des “fakes” et des “mythes” …

Une étude forensic de NIGMA conseil par Marwan Khoury (P.H.D.) and Lt-Col (ret) Fabien Tabarly


Introduction


A l’heure où le bilan définitif n’est toujours pas déterminé il n’en demeure pas moins essentiel de comprendre précisément ce qui s’est passé dans le port de Beyrouth le soir du 4 Août 2020, aux alentours de 18h00 heure locale.

Il est certain aujourd’hui qu’une explosion d’une magnitude sans égales dans l’histoire du pays s’est faite entendre à des centaines de Kilomètres (jusqu’à Chypre), a brisé des structures à des dizaines de Kilomètres, et a détruit une grande partie de la ville de Beyrouth, notamment visible dans les régions de Charles Helou, Gemmayzé, et Achrafieh.

De nombreuses versions contradictoires concernant la source et les causes de l’explosion ont été rendues publiques à travers les médias, les réseaux sociaux, ainsi que les déclarations officielles de plusieurs gouvernements.

Plusieurs chaînes de télévision ont repris l’hypothèse selon laquelle un stock de feux d’artifices aurait pris feu, avant que la version officielle du gouvernement ne mette en cause le stockage de 2.750 tonnes de Nitrate d’Ammonium pendant six ans et sans mesures de précaution.

Cependant, l’incapacité des services d’état à s’accorder sans équivoque sur une probable cause du désastre, dans un contexte géopolitique extrêmement volatil, impose l’étude et l’évaluation d’autres scénarios afin d’écarter le plus scientifiquement possible certaines théories allant de l’attaque délibérée d’un tiers état à la frappe nucléaire.

En réunissant nos expertises forensique et militaire, nous proposons d’évaluer ces scénarios en décortiquant et analysant plusieurs sources ouvertes (OSINT).

Il est important de comprendre que les travaux menés par nos équipes d’analystes ne peuvent en aucun cas être considérés comme preuves à caractère judiciaire, mais bien une investigation préliminaire qui pourrait servir de base de départ pour un long travail de reconstruction scientifique des faits. Une analyse de traçage forensique reste nécessaire pour confirmer l’authenticité des médias analysées, chose qui ne peut être effectuée que sous mandat judiciaire.

Explosion, oui…mais quoi ?
S’agit il d’un accident ou d’un acte intentionnel?

La documentation photos et vidéos fournie par plusieurs individus dans la région nous a permis de déterminer la présence de larges fumées blanches dès 17h57 heure locale (image 1) suivie d’une explosion vers 18h08 (image 2) (le feu pourrait d’ailleurs avoir été vu d​è​s 17h40). Cette chronologie provient du journaliste et chercheur Jean Kassir qui a documenté sa recherche pour permettre la conduite d’investigations comme celles-ci.

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Observations à distance de fumée blanche documentée à 17h57 heure locale au Liban, suivie d’une explosion à 18h08. Les images proviennent de matériel vidéo filmé depuis la corniche de Ain El Mraisseh sur le chemin qui mène au port de Beyrouth.

La documentation chronologique de M. Kassir est confirmée à partir d’une caméra de sécurité qui appartient à l’un des vendeurs de téléphone cellulaire dans la région d’Achrafieh et qui publia sur Facebook le moment précis de l’explosion principale : 18h08 heure locale (image 4). La distance à vol d’oiseau entre ce magasin et l’explosion est mesurée à 1155 m.

Caméra de sécurité (CCTV) à l’intérieur d’un magasin de téléphone à Achrafieh. L’onde de choc pénètre la baie vitrée du magasin à 06:08:20 PM (image 4) qui est à un Kilomètre du port.

Nous pouvons observer le déroulement des faits grâce à une vidéo prise de plus près et à partir d’un angle différent . Un feu vif, qui avait déjà commencé vers la façade nord d’un entrepôt (image 7) conduit à une première déflagration qui perce le toit, et détruit la façade sud tout en maintenant le foyer d’incendie à son endroit principal (images 8) jusqu’à l’arrivée d’une deuxième explosion d’une rare violence (images 9) qui projette à terre les personnes en train de filmer et qui détruit ce que l’on peut voir de leur appartement (plus tard dans la vidéo).

Images vidéos montrant trois phases principales de l’événement. Un feu vraisemblablement à l’intérieur d’un entrepôt (image 7), une explosion de force moyenne qui perce le toit de cet entrepôt (image 8), suivie d’une explosion extrêmement destructrice (image 9).

Cette deuxième explosion est rapidement engloutie par une bulle blanche qui se dissipe vers l’extérieur et qui semble causer le plus de dégâts. C’est bien cette bulle blanche qui a formé le champignon et qui laissa de nombreuses personnes s’interroger sur la possibilité d’une explosion nucléaire. Nous insistons sur le fait que la formation d’un champignon ne confirme en aucun cas la théorie du nucléaire et s’explique par la théorie d’instabilité de Rayleigh-Taylor, lorsque deux fluides ou gaz de densités différentes sont forcés à interagir. De manière plus claire, ce champignon est formé par la propagation de débris, fumées, et vapeur d’eau dans l’air, et peut être observé dans toute explosion de cette ampleur. Bien au contraire, d’après le professeur et expert en armes Jeffrey Lewis, la séquence des évènements – feu, explosion primaire, explosion secondaire – écarte l’hypothèse d’une explosion nucléaire (comparer les images 10 et 11).

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A gauche, le nuage champignon qui est apparu après l’explosion atomique de Nagasaki le 9 août 1945 très différent du champignon dans l’image de droite qui a résulté de l’explosion à Beyrouth.

Qu’est ce qui a pu exploser de cette manière?

Une multitude de témoignages évoquent la présence d’avions de chasse survolant les lieux pendant les faits. Certains déclarent même avoir vu des avions ou autres objets volants. Il est actuellement impossible à partir des sources en notre possession d’appuyer cette hypothèse, bien au contraire. Le son d’une combustion rapide (dite “contrôlée”) de gaz dans un milieu semi-confiné s’apparente au son d’un réacteur d’avion de chasse , et plusieurs vidéos en lignes reliées ou non à cet évènement en particulier nous confortent dans cette hypothèse.

Mais beaucoup d’internautes insistent sur la frappe aérienne, et certains d’entres eux propagent des vidéos qui proclament prouver ceci. Attention, car la manipulation d’image est assez courante et, paradoxalement, à la portée de tout le monde. Elle permet à des personnes en quête de publicité d’illustrer toutes sortes de scénarios et d’appuyer les thèses les plus rocambolesques.

Nous analysons ci-dessous deux de ces vidéos qui proclament la détection d’un missile grâce à un filtre négatif (image 13 et 14). En superposant deux images prisent sur chacune de ces vidéos (image 15), nous avons pu détecter l’incorporation artificielle d’une silhouette d’un missile qui se déplace très rapidement vers la cible. La similitude de la forme, la taille, et l’angle du présumé missile alors qu’il est filmé sous des perspectives différentes prouve la manipulation de ces “vrais faux”.

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Détection du “vrai-faux” proclamant une frappe de missile air-sol, en superposant deux images, chacune provenant de l’une des vidéos et en démontrant l’incorporation artificielle à partir de la forme, la taille, et l’angle du présumé missile qui ne change pas sous des perspectives clairement différentes.

Il nous est aujourd’hui aisé de conclure que la séquence feu, explosion primaire, explosion secondaire, éloigne définitivement l’hypothèse d’une frappe aérienne classique.
Cependant, il nous est impossible d’éloigner l’acte malveillant, qu’il soit exécuté à partir d’une infiltration au sol pour allumer le feu, ou à travers une opération plus sophistiquée à base de drone. Rappelons que le 25 Août 2019, deux drones avaient pénétré la banlieue sud de Beyrouth de manière inquiétante avec une mission qui jusque là demeure inconnue. Une investigation complète qui permettra de s’exprimer sur la possibilité de ces actes non-conventionnels par rapport à l’hypothèse d’un feu accidentel demande une expertise technique et scientifique que seuls certains services d’états comme la France ou les Etats unis ont à leur disposition.

En revanche, un élément révélateur réside dans l’analyse de la couleur des fumées qui change de grisâtre pendant le feu et après la première explosion (image 16), vers l’orange après la seconde explosion (image 18). Alors que le nuage orange pourrait bien être le résultat de vapeurs d’oxyde nitrique suivant une éventuelle explosion au Nitrate d’Ammonium, ou même des projections de terre et de métal provoquées par l’explosion (rappelons que le cratère issue de ce cette explosion mesurerait environ 150 mètres de diamètre sur 45 m de profondeur) ,le feu initial et la première explosion proviendrait selon toute vraisemblance d’une source très différente. Il est en effet très difficile pour le Nitrate d’Ammonium de s’enflammer seul et déclencher une explosion.

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Une séquence de trois images provenant d’une vidéo en ligne qui montre la fumée grise après la première explosion (16), le début de la deuxième explosion (17), et la fumée orange après la deuxième explosion (18).

La fumée orange est bien compatible avec l’explosion de Nitrate d’Ammonium. Qu’en est-il de la fumée grise avant et après la première explosion?

Une vidéo prise par des personnes présumées disparues se concentrante sur la façade ouest de l’entrepôt en question. La prise de cette vidéo est géo-localisée plus tard (image 27) sur la terrasse nord du bâtiment des silos à quelques mètres du hangar en question. Le fait que les personnes soient debouts à proximité du foyer et en train de filmer une image plus ou moins claire indique un temps qui précède la première explosion qui elle est perçue dans l’image 21. Ces vidéos révèlent de plus près la formation de fumées grises importantes qui sortent des fenêtres et du toit de l’entrepôt (image 19) en parallèle avec une multitude de petites explosions répétitives (image 20) qui laissent supposer la présence de feux d’artifices, ou de munitions de petit calibre stockées à l’intérieur.

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Images prises de la vidéo qui circule en ligne et qui montrent plusieurs petites explosions qui se passent à l’intérieur de l’entrepôt. Cet élément est clé pour notre investigation car il prouve la présence de matériel explosif en plus d’un éventuel tas de Nitrate d’Ammonium.

Ces explosions légères et répétitives sont confirmées par une deuxième vidéo prisent à proximité des pompiers qui essayent déjà d’éteindre le feu mais qui se sentent vite dépassés par la gravité de la situation.
Nous les entendons dire: “Appelons le soutien”.

Les portes de l’entrepôt sont vraisemblablement bloquées, ce qui pourrait expliquer l’action des pompiers dans l’image 25 où ils essayent de forcer la porte 11 de l’entrepôt n.12 du port de Beyrouth. Cette photo dit montrer les courts moments avant l’explosion. Elle est cohérente avec la vidéo (images 22 à 24) prise à proximité des sauveteurs. Un autre élément à noter est le masque chirurgical que porte l’homme en T-Shirt blanc dans l’image 25, ce qui favorise l’idée d’une prise de photo récente (après les précautions prises contre le COVID-19).

Si la date et l’heure de ces photos et vidéos sont vérifiées, elles deviennent des éléments de preuves importants dans l’investigation car elles révèlent le feu, les explosions répétitives, le numéro du dépôt, et le fait qu’il soit resté difficile d’y pénétrer même pour les pompiers.

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Ces images proclament montrer les derniers moments des pompiers qui étaient déjà sur les lieux entrain de combattre l’incendie. L’image 22 montre le feu restreint à la partie nord de l’entrepôt, l’image 23 montre deux personnes qui, grâce à la coupe de cheveux de l’un et la manche de l’autre, peuvent être associés à deux des pompiers dans l’image 25, et l’image 24 montre clairement un marquage de porte qui ressemble à celui dans l’image 25. Un dernier élément à noter est le masque chirurgical comme mesure de précaution contre le COVID-19 porté par l’un des hommes de l’image 25, indiquant donc un temps récent de la photo.

A partir d’une carte du port de Beyrouth (image 26), et de nos méthodes de géo-localisation, nous avons connecté plusieurs vidéos et photos utilisées

dans ce travail avec l’épicentre de l’explosion, qui n’est autre que l’entrepôt n.12. Le résultat (image 27) est cohérent avec les images satellites disponibles en ligne (Planet Labs).

Image du port de Beyrouth montrant la position de l’entrepôt n.12 (Source ​http://wikimapia.org/2117818/Port-of-Beirut​).

Le cratère de l’explosion se confirme au même emplacement de l’entrepôt n.12 qui, non seulement a disparu, mais voit même la terre sur laquelle il a été construit emportée par l’explosion: une partie importante de la scène “de crime”’ a donc disparu. Il est très important de noter que seul un cratère unique d’explosion majeure est visible par image satellite, ce qui suggère l’absence de matériel explosif brisant (en quantité importante) dans d’autres entrepôts du port.

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Quelques capture d’images de vidéos utilisées dans ce travail, notamment les images 7, 17, 19, 20, et 22 qui ont pu localiser le feu et les deux explosion à l’intérieur de l’entrepôt n.12 (marqué en rouge), ce qui corrobore avec la présence du seul cratère majeur en ces lieux.

Alors que plusieurs experts ont tenté d’estimer la charge explosive en se basant sur les dimensions du cratère et des régions endommagées, nous nous proposons de nous abstenir sur ce point. Il faudrait au préalable étudier les caractéristiques des zones de stockage considérées. En effet, une même charge initiale peut mener à différentes magnitudes d’explosions en fonction de l’environnement dans lequel elles ont eu lieu. Afin d’exécuter cette analyse, il nous faudrait être sur les lieux (sous mandat) mais aussi avoir des données complètes sur les détails de construction du site avant sa destruction totale. En effet, des conditions de pressions créées par l’entrepôt, couplées avec la présence d’éléments catalyseurs dans le bâtiment du silo auraient pu influencer la force de l’explosion.

Qu’y avait-il donc dans cet entrepôt?

Peu après la première théorie de stock de feux d’artifices mentionnées dans les médias télévisées locaux, le chef de la Sûreté Générale Libanaise Gen. Abbas Ibrahim a évoqué la présence possible de matière “hautement” explosive qui aurait été récemment confisquée, et le directeur général des douanes Libanaises Badri Daher ainsi que le chef de la sûreté nationale Gen. Tony Saliba parlent de 2750 Tonnes de Nitrate d’Ammonium stockées dans le port depuis 2014. Cette version a été acceptée par la majorité des médias locaux et internationaux, et appuyée par des photos qui circulent sur les réseaux sociaux.

Les images 28 à 31 montrent des sacs de Nitrate d’Ammonium à haute densité fabriqué en Georgie par “Rustavi Azot” LLC. Ces photos qui semblent avoir été imprimées puis photographiées, ont été publiées le Samedi 7 Août sur le compte Twitter de la Journaliste Dima Sadek attribuant ces photos au service de la Sûreté Nationale à “quelques jours avant l’explosion”. Alors que la version du gouvernement parle de stockage pendant une période de plus de 6 ans, la compagnie elle-même déclare sur son site web (​rustaviazot.ge​) ne pas avoir d’informations sur cette affaire ou sur la marchandise en question, et que leur production de Nitrate d’Ammonium ne commença qu’en 2016 au sein de la ville de Rustavi, soit trois ans après l’arrivée présumée de la marchandise au Liban. L’arrivée suspicieuse de cette marchandise au port de Beyrouth et son séjour depuis, fait actuellement l’objet de plusieurs investigations journalistiques et peut-être même criminelles.

Nous ne nous concentrerons dans ce travail que sur les images qui circulent en ligne afin d’évaluer leur valeur ajoutée à ce type d’investigation. Des teintures de vitres similaires nous permettent de confirmer qu’il s’agit bien du même dépôt dans les images 28 et 29. En revanche, le tas de sacs dans ces deux images semble différent en forme et en quantité. Un travail d’architecture forensique est nécessaire avant de confirmer un éventuel mouvement de cette marchandise plutôt qu’un stockage passif.

D’autres médias comme “Radio Sputnik” ont mis en cause des travaux de soudure une heure avant les faits et se sont appuyés sur l’image 32 qui montre trois hommes inspectant les lieux devant une porte ouverte sur des sacs similaires à ceux observés dans les images 28 à 31. Par contre, aucun signe de matériel ou équipement de soudure n’est visible.

Cette illustration montre des images qui ont été largement diffusées pour appuyer la théorie du Nitrate d’Ammonium. Alors que différentes caractéristiques sont compatibles avec cette théorie (structure du dépôt, et marquage des sacs), il est impossible d’attribuer à ses images le jour de l’explosion ou l’entrepôt concerné.

Même si les caractéristiques des lieux (fenêtres, portes, et lumières du plafond) sont cohérentes et pourraient indiquer une unité de lieux, la date exacte de la photo n’est pas vérifiable afin de pouvoir l’associer à l’explosion, ni le marquage de la porte observée précédemment dans l’entrepôt n.12 (image 26). Par contre, le port du masque chirurgical (précaution COVID-19) chez au moins une personne de chacune des deux images (32 et 26) indique une date récente.

Serait-ce une différente porte du même entrepôt?

En tout cas l’absence de cratère après l’explosion à l’endroit des autres entrepôts détruits du port indique que cette large quantité de Nitrate d’Ammonium, si bien existante au port, résidait à l’intérieur de l’entrepôt n.12.

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Alors que l’architecture visible dans l’image 32 ressemble aux entrepôts du port, il est impossible de l’attribuer à l’entrepôt n.12. Certaines discordances par rapport au marquages de la porte sont visibles en comparaison avec l’image 26.

Conclusion

Ce que nous pouvons confirmer

Grâce à une série de sources à la fois écrites et filmées puis diffusée en ligne, nous avons révélé une séquence qui commence par un feu existant au moins onzes minutes avant l’explosion, suivie d’une première explosion de force modérée qui produit un important nuage de fumée, et finit par une détonation brisante qui produit une onde de choc ainsi qu’un nuage de fumée rougeâtre. Cette séquence des faits éloigne la théorie de la frappe aérienne et se rapproche du scénario explosions causées par un incendie. Ce dernier a provoqué de petites explosions répétitives qui suggèrent soit la présence de feux d’artifices dans le même entrepôt, soit d’un stockage de munitions de petits calibre…ou plus. Des pompiers étaient déjà actifs sur les lieux ainsi que d’autres personnes qui filmaient et prenaient des photos depuis le bâtiment proche des Silos qui se dressent vers la façade ouest de l’entrepôt en question. Tous les événements principaux se passent à l’intérieur de cet entrepôt (n.12) qui semble avoir été totalement scellé, empêchant ainsi les pompiers d’y pénétrer pour combattre le feu.

Les conditions de stockage des sacs de nitrates d’ammonium défiant toute entendement sont une des causes principales de l’explosion. Aucune mesure de sécurité n’était mise en place. Répartition en îlots de faibles quantités, système d’aération, alarme anti incendie, surveillance vidéo, rondes régulières de contrôle des entrepôts, tenue de registres,….aucune de ces mesures n’avait été mise en oeuvre.

Le nitrate d’ammonium n’était pas isolé dans le hangar. D’autre matières ou équipements y étaient et ont pris feu. Car c’est bien le même hangar d’où sont issus les trois événements: feu, explosion 1, explosion 2.

Ce que nous ne pouvons pas confirmer

Nous ne pouvons pas confirmer la cause accidentelle du premier feu. Même à partir d’une séquence feu, explosion primaire, explosion secondaire. Il est naturel de se poser la question compte tenu des intérêts en jeu. Mais il ne faut pas non plus écarter systématiquement l’absence de malveillance sous prétexte du contexte géopolitique d’une région imposant une réflexion sur des attaques non conventionnelles que nous avons pu observer ces derniers mois en Iran, en Irak, en Syrie, et au Liban.

Nous ne pouvons pas confirmer non plus la présence d’avion de chasse dans le ciel de beyrouth, ni d’autre aéronefs par ailleurs. Si un son s’apparentant à un réacteur semble bien avoir été entendu par plusieurs témoins, aucune image ne peut venir étayer cette information. A l’exception d’une vidéo qui tend à prouver que le son était bien dû à une combustion lente et contrôlée précédent l’explosion principale.

Le drame aurait pu il être évité ?

Sans aucun doute. Un port bien équipé, avec un véritable service de lutte incendie, des procédures claires et un lien radio direct avec des services d’interventions qui fonctionnent auraient pu permettre de contenir le premier foyer d’incendie.

En amont, une régulation claire sur les entrepôts et le stockage de matières dangereuses et dont l’application serait contrôlée et les contrevenants sanctionnés aurait très probablement permis d’éviter le drame.

En dehors de la question plus large sur la présence de cette énorme charge énergétique en pleine ville, la seule question à laquelle nous devons trouver une réponse aujourd’hui d’un point de vue technique et scientifique est: quel facteur ou acte a provoqué le départ du premier feu ? La suite est à peu près bien comprise. Pour cela, la présence d’équipe d’enquêteur d’interpol est une première étape qui permettra de procéder de manière indépendante et méthodique à la reconstitution des faits par le biais d’une longue série d’entretiens.

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